AccueilAgro-alimentaireL’excédent agro-alimentaire de la France laminé en 2009 

L’excédent agro-alimentaire de la France laminé en 2009 

Le ministre de l’Alimentation et de l’Agriculture Bruno Le Maire veut lancer un audit afin de « comprendre les raisons » de la crise que traverse l’agriculture française, a révélé le quotidien Le Monde dans son édition du 27 février 2010. Il n’a pas tort. En effet, il a pu constater que l’ambiance est plutôt morose au 47ème Salon de l’Agriculture, qu’il a inauguré en compagnie du nouveau commissaire européen à l’Agriculture, le roumain Daclan Ciolos. Les agriculteurs ayant accusé une baisse moyenne de revenus de 34% en 2009 par rapport à 2008, on comprend pourquoi !

Mais ce n’est pas tout. Pour la première fois, l’excédent agro-alimentaire de la France, composé à la fois des produits bruts et transformés, a été laminé : de 8,8 milliards d’euros en 2008, il est tombé à 5,4 milliards. L’excédent des produits bruts, qui s’élevait à 3,4 milliards d’euros en 2008, a été divisé par deux pour tomber à seulement à 1,7 milliard d’euros en 2009, tandis que l’excédent des produits transformés a chuté de 5,4 à 3,7 milliards d’euros. Selon les données réunies par Agreste, à l’exception des bovins vivants, tous les postes agricoles sont en baisse à l’exportation. Celle-ci accuse un recul de 17%, soit une perte de revenus de 2,4 milliards d’euros pour la France.

Comme le note Le Monde, « la correction est extrêmement violente sur l’Union européenne, où la France réalise 71% de ses exportations ». Certes, la récession explique une partie de ce plongeon, mais comme l’admet Bruno Le Maire, « elle n’est pas la seule explication ». La France, qui était encore en 2008 le troisième exportateur mondial de produits agricoles et agroalimentaires, après les Etats-Unis et les Pays-Bas, vient en effet d’être relayée à la quatrième place, dépassée désormais par l’Allemagne. « Ce n’est pas surprenant car la France détient aujourd’hui le record du coût du travail en Europe : 10 à 11 euros, contre 7 à 7,5 euros de l’heure en Allemagne », souligne Xavier Beulin, vice-président de la FNSEA, qui note également que « Grenelle de l’environnement oblige, nous sommes en train de nous éloigner de plus en plus des standards européens en matière d’environnement, sans pour autant permettre aux agriculteurs de bénéficier des progrès technologiques ». Le cas du maïs illustre parfaitement ces propos : il y a dix ans, les maïsiculteurs français produisaient en moyenne 10 q/h de plus que leurs collègues américains. Aujourd’hui, avec une moyenne nationale outre-Atlantique de 102 q/h, ce sont les Américains qui devancent les Français, avec un écart de… 10 q/h ! « L’introduction du maïs transgénique a totalement changé la donne aux Etats-Unis », admet Jean-Paul Renoux, spécialiste du maïs à Arvalis, qui poursuit : « Depuis qu’ils investissent dans des semences de qualité, les producteurs américains gèrent la culture du maïs avec une attention à toute épreuve. Et les résultats sont au rendez-vous ».

La situation n’est guère meilleure pour le blé. Non seulement les rendements stagnent depuis plus de dix ans (hormis années exceptionnelles, comme 2009), mais les exportations françaises vers l’Italie ont diminué de moitié pendant la même période, au profit de pays comme l’Allemagne ou la Hongrie.

Enfin, tandis que l’excédent des produits laitiers et des fromages chute de 16%, le secteur de la viande bovine creuse son déficit. « En 2009, la France était déficitaire en viande de 7% en volume », note Philippe Chotteau, économiste à l’Institut de l’élevage, qui prévoit un déficit de 9% en 2010 !

Bref, tous les voyants sont au rouge. Un audit « pour comprendre » s’impose donc, a finalement estimé Bruno Le Maire. En effet !

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