Le 27 novembre dernier, la FNSEA et des représentants des JA ont manifesté afin de faire entendre, une fois de plus, leur colère. Une colère qui traduit ce sentiment largement partagé par le monde agricole d’être « abandonné à la fois par les politiques et par la société », comme l’a exprimé Guillaume Moret, exploitant dans le Val d’Oise. Pour lui, comme pour tant d’autres, la coupe est pleine.
Cette journée de mobilisation a clairement participé à une salutaire prise de conscience des dégâts qu’occasionne l’agribashing, cette « critique systématique et volontaire des agriculteurs », pour reprendre la définition qu’en donne le journaliste Yves Calvi. Lequel, dans son émission « L’Info du vrai », diffusée le soir même de la manifestation, a souligné que la préoccupation des citoyens sur leur santé, et plus précisément sur les pesticides, était devenue véritablement « obsessionnelle ».
À lire aussi : les feu de la colère
Interpellé au sujet de son film Au nom de la terre, le réalisateur Édouard Bergeon a pour sa part estimé qu’on était « injuste » envers les agriculteurs : « Aujourd’hui, on leur tape sur la gueule pour tout et n’importe quoi : sur le confort des animaux, on parle de glyphosate… »
Face à cette prise de conscience, la réponse des agribasheurs professionnels ne s’est pas fait attendre. « La remise en cause du modèle agro-industriel dominant n’est pas de l’agribashingn», a rétorqué un collectif porté par José Bové, désormais à la retraite, tandis que François Veillerette, le patron de Générations Futures a osé prétendre que l’agribashing serait « une fable qui freine l’indispensable évolution de l’agriculture ». Pire encore, son ami Fabrice Nicolino, le militant à l’origine de l’association Nous voulons des coquelicots, n’a pas hésité pas à traiter les agriculteurs de « tueurs ». Serait donc bien naïf celui qui penserait que cette offensive de destruction volontaire de l’un des meilleurs modèles agricoles du monde va s’arrêter miraculeusement! Comme l’a clairement indiqué la militante écologiste Marie-Monique Robin, l’agribashing « continuera tant que les exploitants agricoles ne redeviendront pas des paysans, en cessant de polluer l’environnement et les aliments ou de maltraiter les animaux ».
Lors de son passage au Congrès du maïs, qui s’est tenu à Toulouse le 13 novembre, le ministre de l’Agriculture Didier Guillaume avait pourtant lui aussi clairement exprimé son ras-le-bol sur ce sujet : « Je ne supporte plus ces discours péremptoires. Je ne supporte plus ces attaques incessantes vis-à-vis des paysans, des agriculteurs, des agricultrices, des éleveurs et de l’agriculture en général. »
En conclusion de son discours, le ministre a même tenu à réaffirmer que l’agriculture française, telle qu’elle est pratiquée aujourd’hui, est bien l’une des plus durables au monde, « si ce n’est la plus durable ». En précisant bien que la remarque valait pour toutes les formes qui sont mises en œuvre sur notre territoire: le bio, l’agriculture traditionnelle, ou encore l’agriculture raisonnée. Bref, a-t-il souligné, « qu’elle vienne de nos entreprises, de nos PME de l’agroalimentaire, notre alimentation est une alimentation qui est saine, qui est sûre, qui est très bonne, qui est remarquable ». Une parole claire et indispensable, qui doit, pour rester crédible, s’accompagner de mesures lisibles… Qui, à ce jour, font encore défaut.